Handicap
Depuis sa création en 2018, Lumeen n’a cessé de constater les bienfaits sociaux et thérapeutiques apportés par la réalité virtuelle aux personnes âgées. Un nombre croissant d’établissements et de professionnels de santé nous ont ainsi fait confiance pour accompagner leurs résidents dans l’amélioration de leur bien-être au quotidien. C’est grâce à ces expériences qu’a rapidement germée l’idée d’expérimenter notre solution de réalité virtuelle dans le secteur du handicap.
En effet, les possibilités d’intégration de la réalité virtuelle dans ce domaine, notamment à des fins thérapeutiques, sont considérables ; elles sont d’ailleurs explorées, en France comme dans le monde entier, depuis plusieurs années. La Région Auvergne-Rhône-Alpes l’a bien compris et nous a permis de concrétiser l’expérience en apportant, dès mars 2020, son soutien financier au projet pour une expérimentation de deux ans.
Et c’est aux côtés de partenaires de terrain reconnus, à l’image du Centre d’Education Motrice (CEM) Jean-Marie Arnion de Dommartin, que nous nous sommes lancés dans cette nouvelle aventure humaine.
Le CEM de Dommartin fait partie du réseau Odynéo, une association présente dans trois départements (le Rhône, l’Ain et le Jura), pour les personnes en situation de handicap et leurs proches. Il accueille des enfants et des adolescents de 11 à 20 ans en situation de handicap neuromoteur et les accompagne dans leur parcours de vie. À travers un projet pédagogique, éducatif et thérapeutique individualisé, le CEM propose un accueil spécifique pour chacun des résidents et les accompagne dans leur processus d’éveil et de socialisation, comme dans l’apprentissage de la communication, tout en leur proposant un suivi paramédical et médical adapté.
Lumeen s’est alors ajouté à la palette des outils mobilisés par les équipes du centre. Les casques de réalité virtuelle y sont utilisés en tant que supports pour l’organisation d’ateliers collectifs, intégrant tout à la fois des dimensions éducatives et pédagogiques, de thérapie non médicamenteuse, tout comme des aspects plus ludiques et récréatifs.
Au sein des équipes, ce sont les ergothérapeutes et les psychomotricien(ne)s qui en font un usage le plus fréquent, ainsi que les éducateurs. Le plus souvent, les ateliers sont constitués d’un professionnel – en charge de préparer et de structurer l’expérience – et de deux à trois jeunes, qu’il accompagne du début à la fin de la session.
Deux modules spécifiques sont régulièrement utilisés :
- En premier lieu, le module « Évasion » qui propose des expériences immersives : on peut alors nager avec les dauphins ou encore contempler des aurores boréales. Accompagnées de contenus de médiation, c’est-à-dire d’une présentation introductive et d’un quizz de restitution adaptés au public cible, ces expériences tendent à favoriser l’échange et la discussion ;
- Le module « Réminiscence » donne quant à lui la possibilité, via l’utilisation de Google Street View, de transporter les utilisateurs dans un lieu précis. Ils peuvent ainsi parcourir un endroit qu’ils connaissent, préparer une future visite et ainsi prévenir ou du moins atténuer un possible sentiment d’anxiété face à la nouveauté, ou simplement découvrir de nouveaux lieux à travers le casque de réalité virtuelle.
Nous avions échangé, à l’issue de la première année d’utilisation, avec le Docteur Simonnot, (co-fondateur de l’association Handicap International et coordinateur médical au sein du réseau Odynéo), qui tirait la conclusion suivante :
« Les résultats obtenus, repérés principalement par les professionnels qui ont un usage à finalité, sont globalement positifs. Pour certains jeunes les résultats sont spectaculaires avec un réel effet d’apaisement en particulier pour des jeunes cérébrolésés avec troubles graves du comportement. Les jeunes sont apaisés, calmes, accessibles à l’échange et à la discussion. »
Une appréciation déjà prometteuse, que nous sommes fiers d’avoir confortée, puisque de nombreux aspects positifs de Lumeen ont depuis été relevés, à l’issue de deux années d’expérimentation.
Le CEM accueille des jeunes ayant, pour beaucoup d’entre eux, de grands troubles cognitifs et de comportement, ainsi qu’un accès limité aux découvertes sensorielles. La variété des supports pédagogiques mobilisables se trouve de fait contrainte et limitée.
En proposant une expérience nouvelle et immersive, surprenante parfois, captivante souvent, l’utilisation de lunettes de réalité virtuelle s’est révélée un outil clé pour le travail de l’attention et de la concentration. Les professionnels interrogés ont ainsi souligné la capacité du dispositif à « amener [les résidents] au moment présent ». Plus encore, Lumeen permet parfois aux binômes enfants-soignants d’entrer plus facilement en relation, en suscitant par exemple des commentaires ou une interaction sur la situation qu’ils sont en train de vivre.
Les lunettes sont également décrites comme un outil de « médiation » permettant d’arriver à d’autres objectifs thérapeutiques. De manière ponctuelle tout d’abord : en redirigeant l’attention de l’utilisateur, les immersions peuvent faciliter un relâchement musculaire et favoriser une détente du corps et de l’esprit. Sur le long terme ensuite : les jeunes se constituent ainsi progressivement un stock d’images mentales positives, associées à des émotions spécifiques. Il s’agit alors de les aider à accueillir une sensation, une émotion, à comprendre ce qu’ils éprouvent et comment cela se traduit dans leur corps, afin de pouvoir le reproduire ensuite. Ce répertoire d’images devient un nouvel outil, avec l’idée de pouvoir le mobiliser par la suite lors d’autres occasions de la vie quotidienne, par exemple pour lutter contre l’anxiété ou la douleur lors de soins.
La réalité virtuelle est par ailleurs apparue comme un allié précieux pour l’apprentissage du corps et des sensations. D’abord, l’ouïe et la vue sont les deux sens prioritairement mobilisés par les expériences immersives proposées. En confrontant les jeunes du centre à des situations parfois inaccessibles dans leur vie quotidienne, elles peuvent déjà générer à elles seules des sensations et émotions inédites.
Une activité souvent complétée par les professionnels encadrants avec différents supports sensoriels. Ces supports peuvent être tactiles (par la présentation de différentes textures -comme le sable de la plage-, de différentes matières, par une mise en situation « thermique » -en mobilisant des supports chauds ou froids, en fonction de l’immersion proposée-) ou encore olfactifs (en associant des odeurs caractéristiques -de la lavande pour un voyage en Provence-). Il s’agit alors de dépasser les limitations physiques et de faire découvrir aux résidents des sensations et des stimulations nouvelles.
Enfin, Lumeen s’est imposé comme un véritable outil d’animation. Tout d’abord, en apportant aux personnes en situation de handicap la possibilité de vivre « un temps à part » et de se sentir « comme les autres ». Ainsi, des mots même de l’un des éducateurs du CEM : « Avec la réalité virtuelle […] les jeunes voient la même chose que moi. […] C’est quelque chose qu’ils peuvent faire aussi bien que moi. ». Ils expérimentent alors des situations et des émotions qui leur sont propres.
Plus encore, en proposant de découvrir un thème, un lieu, un paysage, les lunettes de réalité virtuelle offrent une expérience inédite qui favorise l’apprentissage. Ici aussi, les professionnels peuvent enrichir les outils d’immersion de musiques, sensations ou connaissances complémentaires et proposer ainsi des sessions qui présentent un versant éducatif, pour des jeunes qui ne sont pas toujours scolarisés.
Bien sûr, durant ces deux années d’expérimentation, l’aventure n’a pas été exempte de défis à relever. Les personnes en situation de handicap ont des nécessités spécifiques et pour certains, le dispositif n’est pas toujours simple à utiliser. À titre d’exemple, le poids du casque a ainsi constitué un véritable enjeu, en requérant parfois une assistance humaine pour le soutenir.
Soucieux de proposer une solution toujours plus adaptée à nos différents publics, nous avons donc décidé de proposer un nouveau modèle de casque pour pallier ce problème. Grâce à son poids mieux réparti, ce nouveau casque permet à un plus grand nombre de personnes de profiter de notre solution, de la meilleure façon qui soit.
À l’issue de ces vingt-quatre premiers mois, le dispositif proposé par Lumeen a indéniablement bénéficié d’une fréquence d’utilisation très positive par les professionnels du CEM. Des résultats qui n’auraient pas été possibles sans la confiance accordée par l’ensemble de nos partenaires.
Nous tenons ici à remercier sincèrement le Docteur Simonnot pour son investissement, ainsi que toutes les équipes du CEM pour leur engagement et leurs témoignages. Et alors que le CEM a exprimé le souhait de pérenniser l’outil au sein de sa structure, c’est avec joie et fierté que Lumeen a officiellement renouvelé, en 2022, sa collaboration avec le centre.
Nous remercions également la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour son soutien et tout particulièrement Sandrine Chaix, conseillère spéciale en charge du handicap. Nous sommes fiers de participer à la création de la société handi-accueillante, handi-bienveillante et handi-inclusive de demain.
C’est forts de ces évolutions que nous réaffirmons aujourd’hui notre intérêt et notre volonté de contribuer toujours davantage à l’avancée de la recherche sur les bienfaits de la réalité virtuelle dans le secteur du handicap, et à son déploiement. Lumeen continuera son engagement et son développement commercial dans cette voie. Nous avons hâte de poursuivre, à vos côtés, cette belle aventure !