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La réalité virtuelle au service des patients lors des séances de dialyse : retours sur une évaluation menée par SantélysSanitaire
La dialyse est une thérapie cruciale pour les personnes atteintes d'insuffisance rénale chronique, mais elle peut être difficile à supporter sur le plan physique comme émotionnel. Heureusement, des outils existent pour aider à soulager les patients. La réalité virtuelle peut ainsi offrir une distraction bienvenue pendant les séances de dialyse. Dans cet article, nous allons explorer les différents bienfaits de la réalité virtuelle pendant les soins de dialyse, en nous basant sur les retours d’une expérimentation menée par Santélys sur l’utilisation de casques Lumeen, dans 19 de ses unités de dialyse.
Santélys est une association reconnue d'utilité publique spécialisée dans la santé à domicile et la formation, intervenant dans la région des Hauts-de-France et en Bourgogne-Franche-Comté. Plus particulièrement, elle dispose d’une expertise dans le traitement par la dialyse : les patients souffrant d’insuffisance rénale chronique sont pris en charge au sein d’unités de dialyse assistée et médicalisée ou à domicile. Depuis sa création, Santélys place au cœur de sa démarche l'amélioration de la qualité de vie et le maintien social de ses patients. Pour ce faire, l’association est en recherche constante de nouvelles méthodes et techniques non médicamenteuses sur lesquelles s’appuyer et s’engage dans un processus d’évaluation afin de mesurer leur impact sur les parcours de soins. C’est de cette ambition qu’est née, en avril 2021, une collaboration active avec Lumeen.
Dès lors, les casques de réalité virtuelle Lumeen sont intégrés à la palette d’outils de « soins de bien-être » proposés durant les séances de dialyse. Afin d’en évaluer les bienfaits pour les patients, Santélys met en place une expérimentation au sein de plusieurs de ses unités : à Dole et Dijon, ce sont par exemple les secteurs UDM (unité de dialyse médicalisée) et UAD (unité d'autodialyse) qui se trouvent mobilisés. Des questionnaires sont renseignés par les patients avant, puis pendant et après les soins, afin d'autoévaluer leur « score de bien-être » durant la séance et son évolution sur la période étudiée :
L’expérimentation menée par Santélys se déroule en deux étapes :
- Une phase I, déployée au sein de 4 unités de dialyse, lors de laquelle 71 patients testent le casque au moins une fois : au total, ce sont 172 sessions de réalité virtuelle qui seront proposées ;
- Une phase II, déployée cette fois-ci au sein de 19 unités de dialyse et auprès de 201 patients : au total, ce sont là 318 sessions qui seront organisées et évaluées par les patients.
Entre « bon bol d’air », « moment d’évasion » ou encore « sensation de bien-être », les appréciations recueillies sont globalement positives, à bien des égards, tant du côté des patients que des soignants. Et les vertus observées sont doubles !
Les séances de dialyse constituent des soins contraignants, trop souvent sources de stress et d’inconforts. En 2018, une enquête réalisée par Santélys auprès de patients dialysés établissait également qu’un patient sur cinq ressentait des douleurs lors des séances de dialyse. D’une durée de 3 à 4 heures en moyenne, le traitement nécessite par ailleurs une fréquence de soins de plusieurs séances par semaine.
C’est à ce titre que les expériences de réalité virtuelle Lumeen ont été déployées au sein des unités de dialyse, comme l’un des outils « de bien-être » à proposer aux patients durant leurs séances. Le plus souvent (à 74 %), les casques sont utilisés durant les 2 premières heures de la séance. Laura, infirmière, nous explique en effet qu’ils sont généralement proposés aux patients après la collation du matin ou de l’après-midi. L’idée est alors de faciliter le mieux-être du patient en l’aidant à détourner son attention des soins prodigués.
Les casques sont prioritairement utilisés auprès de patients qui manifestent une forte appréhension, que ce soit vis-à-vis de la ponction en elle-même ou bien des effets du traitement. Ce faisant, les objectifs sont clairs : aider à la relaxation au début du parcours de soins, combattre les douleurs physiques et psychologiques et faciliter une approche plus douce.
En premier lieu, les soignants veillent à présenter le casque et son utilisation au patient, en amont des soins. L’expérience peut ensuite être proposée aux patients qui en expriment le souhait, directement lors de la ponction. Une approche particulièrement utile pour les patients angoissés, ou pour les nouveaux patients.
« Très satisfait de découvrir cela pour échapper à l’environnement de dialyse et à la médicalisation. »
À l’issue de l’expérimentation, 61.8 % des patients interrogés en phase I déclaraient que l’utilisation des casques Lumeen avait eu un effet sur leur ressenti durant la séance. À l’issue de la phase II, 57 % des patients interrogés exprimaient un effet majoritairement bénéfique sur l’anxiété. Parmi les termes les plus utilisés par les patients pour qualifier leur expérience, étaient ainsi évoqués une « relaxation », un « apaisement », une « sensation de détente », ou encore un « relâchement musculaire ».
Plus encore, Laura salue les bienfaits de l’outil « pour les ponctions difficiles ». Elle évoque ainsi l’exemple d’un patient nécessitant une hémodialyse quotidienne, qui souffrait d’une grande peur des aiguilles. Cette peur se traduisait par une très forte agitation, tant émotionnelle que physique, et le patient n’était, de fait, pas en capacité de se ponctionner lui-même, ni même d’observer les ponctions réalisées par les soignants. Plus encore, elle rendait extrêmement complexe la réalisation du geste technique par les soignants.
En première intention, le casque lui fut donc proposé pour l’aider à détourner son attention de la ponction et lui permettre de se détendre. Mais bien vite, les résultats obtenus dépassèrent assez largement ces attentes : véritable « déclic », l’utilisation du casque de réalité virtuelle lui permit rapidement d’« appréhender le soin différemment », selon les mots de Laura, et d’apprivoiser en quelques séances seulement cet acte médical. Le patient est aujourd’hui dialysé à domicile depuis presque un an !
Conséquence indirecte, mais non négligeable : l’expérience de la réalité virtuelle s’est également avérée bénéfique pour de nombreux soignants. Le fait de détourner l’attention du patient de l’acte médical réalisé a en effet pu agir parfois comme un facilitateur : dès lors que le patient est moins agité et puisque son regard n’est pas porté sur la réalisation de la ponction ni sur l’appréhension qu’elle peut susciter, la qualité du soin s’en trouve améliorée (en libérant le soignant d’une forme de pression, le geste peut être plus rapide, voire plus précis).
Une séance de dialyse se déroule sur plusieurs heures et induit une restriction de mouvements pour les patients ; elle peut vite s’avérer longue et ennuyeuse. Sans possibilité de poser son attention ailleurs, le risque est alors grand pour le patient de se focaliser sur des perceptions et des émotions négatives. En proposant des expériences immersives, la réalité virtuelle peut aisément constituer une distraction, une occasion pour le patient de sortir du cadre des soins, de s’en évader le temps d’un instant.
« C’est extraordinaire d’avoir cet outil pendant la dialyse, cela procure beaucoup de bien-être et de détente. Je n’ai plus l’impression d’être en dialyse quand j’ai le casque, merci ! »
Au sein des unités de dialyse de Santélys, les casques de réalité virtuelle sont venus s’ajouter à d’autres outils déjà à la disposition des patients, comme les pédaliers ou encore les soins de socio-esthétique. L’objectif est clair : offrir un espace de distraction au patient par la mobilisation d’activités « ludiques » et recentrer son attention sur une expérience positive et divertissante, afin de lui apporter une sensation de mieux-être.
Les immersions de réalité virtuelle contribuent pleinement à cette mission. Les casques permettent ainsi de découvrir de nouveaux décors, de nouvelles ambiances, de nouvelles destinations. C’est d’ailleurs le module Évasion, proposé par Lumeen, qui est le plus souvent sollicité : il propose une plongée dans un nouvel univers sonore et visuel et permet bien souvent au patient d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur le monde et de « découvrir autre chose », qu’il s’agisse d’une « bulle de douceur », de la contemplation de « belles images », ou d’une expérience « grandiose » !
Le catalogue Lumeen offre un choix de plus de 100 contenus et veille à s’adapter en continu aux envies et besoins exprimés par les utilisateurs des casques virtuels ; de nouveaux modules et de nouvelles expériences sont ainsi ajoutés régulièrement.
À la question générale : « La méthode de relaxation proposée vous a-t-elle aidé à vous sentir mieux ? », 79.2 % des patients interrogés en phase I ont répondu oui.
À l’issue de la phase II de l’enquête de Santélys :
· 87 % des patients se sont dits satisfaits, voire très satisfaits de la séance ;
· 84 % ont exprimé un « effet significatif sur le temps passé en séance » ;
· 84 % des patients ont fait part d’une « amélioration significative de la sensation de mieux-être après la séance » ;
· 78 % ont exprimé un « effet significatif sur le vécu de la séance ».
L’utilisation des casques de réalité virtuelle par les équipes de Santélys avait pour principales missions : de s’inscrire dans une démarche de proximité et d’améliorer le bien-être et la qualité de vie des patients dialysés, par la mobilisation de techniques non médicamenteuses. L’enquête réalisée, grâce au soutien des soignants comme des patients, nous a montré que les premiers résultats obtenus étaient probants et prometteurs.
Nous tenons à remercier l’ensemble des acteurs mobilisés au cours des derniers mois pour leur initiative et engagement dans la réalisation de cette étude. Lumeen entend bien sûr rester aux côtés de ses partenaires dans les suites de cette aventure, riche d’apprentissages, de liens sociaux et d’évasions.